#Ÿnspire – Dorothée Bessiere, co-founder of Save Eat

10/11/2021

Aujourd’hui, nous avons rencontré Dorothée Bessière, co-fondatrice de Save Eat, une application anti-gaspi qui permet aux consommateurs de cuisiner en temps et en heure leurs produits et d’éviter de jeter des produits encore consommables à la poubelle.

L’impact guide le quotidien de tous les Ÿnsecters : comment nourrir la planète tout en préservant les ressources et la biodiversité ? Au fur et à mesure que nos initiatives s’élargissent, nous avons décidé de donner la parole à ceux qui contribuent à changer le monde, à proposer des alternatives et à croître durablement. Today, we meet Dorothée Bessière, co-founder of Save Eat, an anti-waste app that encourages consumers to use their produce before they go bad to avoid throwing away products that are still edible. We were able to discuss her activity, development ambitions and challenges, as well as the future of food in the context of an unprecedented food crisis.

 

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots votre projet ?

Save Eat, c’est la startup engagée dans la sensibilisation des consommateurs vis-à-vis du gaspillage alimentaire. Notre fonction principale consiste à remettre au goût du jour des recettes de grand-mère et des astuces pour éviter de jeter à la poubelle nos restes ou parures encore consommables. Cela passe par une application, gratuite, qui alerte le consommateur quand un produit est sur le point d’être périmé et propose des recettes pour manger en temps et en heure l’intégralité de ses ingrédients.

 

Quel a été le déclencheur de cette prise de conscience ?

Cela a commencé lorsque que j’étais en dernière année d’étude d’ingénieur. J’habitais en colocation avec des amis, et nous avons pris conscience de la rapidité avec laquelle notre poubelle se remplissait. Nous avons commencé à regarder de plus près ce qu’elle contenait et avons remarqué qu’il y avait des produits encore consommables. Nous avons alors décidé de les cuisiner ! Par la suite, nous nous sommes rendu compte que chaque année, 3,3 millions de tonnes de produits sont gaspillés par les consommateurs, soit 1 tiers du gaspillage total entre le champ et l’assiette ! Il fallait agir en ce sens !

Quel a été l’obstacle le plus difficile à surmonter dans l’élaboration de votre projet ?

Le plus dur a été de proposer une application qui réponde au mieux aux besoins et attentes des consommateurs. Pour cela, nous rassemblons régulièrement un panel pour les interroger sur ce qu’ils préfèrent comme fonctionnalité etc. Nous envoyons aussi régulièrement des sondages virtuels pour obtenir des réponses sur leurs envies. Il est indispensable pour nous de mettre le consommateur au cœur du développement de notre entreprise. L’objectif est de faire rentrer Save Eat dans la routine d’un maximum de personnes pour réduire le gaspillage alimentaire à grande échelle.

Comment sont élaborés les recettes présentes dans l’application ? Et quelle est la recette créée dont vous ne pouvez plus vous passer aujourd’hui ?

Au tout début, nous travaillions avec des blogueuses partenaires qui partagent les mêmes valeurs que Save Eat. Aujourd’hui, c’est mon associée, Isaure, et moi-même qui nous en chargeons. Pour les créer, nous nous basons sur les habitudes des consommateurs mais aussi leurs demandes. Nous proposons des recettes « 0 déchet » mais aussi des recettes qui permettent d’utiliser les restes du frigo. Chaque semaine, nous ajoutons de nouvelles recettes en respectant toujours les critères suivants : de saison, rapides (20 minutes de préparation en moyenne) et simples (aucune compétence nécessaire). Personnellement, aujourd’hui je ne peux plus me passer des recettes qui proposent des solutions au pain rassis : le pain perdu salé et sucré, des gâteaux, fabriquer ses croûtons, la chapelure pour faire des nuggets maison …

Save Eat ne s’adresse pas uniquement aux particuliers puisque vous proposez des offres adressées aux entreprises, pourriez-vous nous en dire plus ?

Effectivement, cela fait deux ans que nous proposons également des animations anti-gaspillage dans les entreprises. Cela peut prendre différentes formes : buffets, teambuildings, quiz ou encore atelier de cuisine. Le but de ces animations est de sensibiliser les salariés directement sur leur lieu de travail. Il faut savoir que les salariés souhaitent de plus en plus participer aux démarches RSE de leur entreprise. Nos activités permettent alors de créer un moment ludique et fédérateur autour d’un sujet de société. Malgré le COVID, nous avons continué d’animer ces ateliers mais de manière virtuelle pour continuer de sensibiliser tout en reconnectant les équipes autour d’une recette de cuisine !

Etes-vous en mesure de calculer votre impact ?

Dans certaines entreprises, nous avons réalisé plusieurs ateliers, ce qui nous permet d’observer la différence entre le premier et le dernier.  La plupart des participants téléchargent l’application à la fin de l’atelier mais nous font aussi des retours sur la facilité des astuces, le fait qu’ils n’auraient pas pensé à tel usage pour tel ingrédient etc. D’un point de vue économique, le dernier rapport d’Opinion Way indique que réduire le gaspillage alimentaire dans son foyer permet de faire gagner jusqu’à 300 euros par an !

Nous avançons vers une crise alimentaire sans précédent, quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

La crise sanitaire a accéléré tout le mouvement de consommation responsable. Pendant le premier confinement, on a observé un pic d’utilisations et de visites sur notre site internet. Pour la suite, nous voulons promouvoir un message très positif : l’alimentation doit rester un plaisir ! Nous ne voulons pas jouer les moralisatrices, mais montrer que ce n’est pas si complexe de cuisiner sans gaspiller !

Quels sont les 3 conseils que vous donneriez au grand public pour agir ?

Mon premier conseil serait de prendre soin de ses ingrédients et de prendre conscience de leur valeur. Cette prise de conscience aide à utiliser ses ingrédients jusqu’à la dernière miette. Il faut également prendre du recul sur les dates de péremption et regarder vraiment les produits : est-ce que ça a l’air encore consommable ? Et enfin, je dirais qu’il faut faire preuve de créativité dans sa cuisine : même avec trois ingrédients qui semblent ne rien avoir en commun, on peut réussir à faire de belles recettes !

Parmi les valeurs d’Ynsect (explorateur, solidarité, authenticité, équilibre et adaptabilité) laquelle vous parle le plus ?

C’est l’adaptabilité qui me parle le plus. Nous mettons un point d’honneur à toujours répondre aux attentes et aux besoins de nos utilisateurs, de suivre les tendances actuelles. L’authenticité a également sa place : la cuisine 0 déchet, c’est également une ferté d’avoir réussi à utiliser tous ses produits frais !

Save Eat a soufflé ses 3 bougies, de quoi êtes-vous le plus fière dans ce projet ?

Nous sommes particulièrement fiers d’être aujourd’hui reconnu parmi les acteurs engagés dans la sensibilisation contre le gaspillage alimentaire. Nous sommes également connus des différents acteurs alimentaires. Mais le chemin n’est pas encore terminé : il nous faut continuer d’améliorer quotidiennement l’application et de poursuivre notre sensibilisation sur le terrain, auprès des entreprises.