#Ynspire – Maël Besson, Expert Transition Ecologique dans le domaine du Sport

14/07/2022

L’impact guide le quotidien de tous les Ÿnsecters : comment nourrir la planète tout en préservant les ressources et la biodiversité ? Des initiatives se multiplient et nous avons décidé de laisser la parole à celles et ceux qui contribuent à changer le monde, qui proposent des alternatives et qui créent durablement. Aujourd’hui, nous avons rencontré Maël Besson, Expert Transition Ecologique dans le domaine du sport. Il nous a expliqué son métier, le lien très fort entre le climat et le sport mais aussi les pistes pour diminuer l’impact environnemental du sport.

En quelques mots, pourriez-vous nous expliquer ce qu’« Expert Transition Ecologique » signifie ?

 

La « transition écologique », c’est une évolution vers un nouveau modèle de société qui puisse apporter une solution aux grands enjeux de notre temps, notamment environnementaux. L’ « Expert Transition Ecologique » est donc celui qui travaille à proposer des modèles de développement résilients, durables, qui repense nos façons de consommer, produire, travailler, et plus largement, de vivre ensemble. La transition écologique concerne tous types de secteur. Personnellement, depuis plus de quinze ans, je travaille sur les liens entre le climat et le sport. J’ai travaillé notamment 8 ans au sein du ministère de la Transition Ecologique et 3 ans pour WWF France.

 

Quelle importance le sport occupe-t-il dans nos sociétés selon vous ?

 

Le sport répond à différents besoins : l’Histoire a prouvé que les grands évènements sportifs répondent à une utilité sociétale. En effet, ce sont des moments qui rassemblent les populations. Ils sont donc incontournables dans une société qui aspire à une certaine qualité de vie. Le sport a évidemment des fonctions sociales : il permet de créer des liens entre les participants. Et désormais, le sport est aussi lié à la santé : il est important de faire du sport pour être en bonne santé !

 

Quel(s) lien(s) faites-vous entre sport et climat ?

 

Le sport a à la fois une responsabilité par son impact sur l’environnement et à la fois une vulnérabilité face aux conséquences des dérèglements environnementaux. Nous parlions précédemment des grands rassemblements, ils entraînent la création de nouveaux bâtiments, provoquent le déplacement de personnes, consomment énormément d’énergies, etc. Ces impacts peuvent être considérés comme « classiques » parce que récurrents. Mais il y a d’autres formes d’impacts que le sport puisse provoquer. Prenons par exemple le cas de l’influence : lorsqu’on sportif réalise une publicité pour une marque d’eau en bouteille plastique, les ventes vont certainement augmenter par effet d’imitation du public. Le sport influence énormément nos modes de vie, sans que l’on ne se rende forcément compte et par extension, l’environnement.

 

Vous parlez du sponsoring comme acteur d’une partie de l’impact provoqué par le sport, peut-on imaginer le monde du sport sans sponsoring ?

 

L’exemple du sponsoring est certainement le plus marquant pour illustrer l’impact du sport. Il est certes très conséquent mais il faut bien noter qu’il n’est pas le seul. De plus, aujourd’hui le sponsoring occupe une très grande place dans le modèle économique du sport et des évènements sportifs. Prendre la décision d’interdire cette pratique, c’est bousculer tout un monde et entraîner un problème économique gigantesque. Certains évènements de taille sont également incapables de se passer de l’apport financier de certains sponsors. En réalité, pour imaginer un sponsoring qui soit plus écologique, il faudrait aller de manière générale vers plus d’écologie dans les autres secteurs. C’est-à-dire, on peut imaginer un sportif faire de la publicité pour un modèle de voiture plus sobre plutôt qu’un SUV, pour des produits plus vertueux, plus responsables environnementalement parlant. Pour aller vers un sport durable, il faut que la société soit dans ce mouvement. L’un n’est pas possible sans l’autre.

 

Peut-on imaginer un monde de sport qui soit différent, loin des grands rassemblements puisque ces derniers entrainent une augmentation de l’impact (construction, transports, énergie …) ?

 

La remise en question du monde du sport et notamment les grands évènements est déjà amorcée. Les Jeux Olympiques de Chine ont particulièrement fait de bruit à la suite d’une photo où l’on voyait des skieurs sur une piste artificielle avec, en arrière-plan, une zone industrielle. Cette photo met en lumière l’absurdité de ces jeux d’hiver dans un environnement entièrement artificiel. Il est nécessaire de pratiquer local et de saison ! Aujourd’hui, on fait se déplacer des sportifs et publics du monde entier pour assister à ces évènements aux quatre coins du monde, en prétextant que l’accès au sport doit être égalitaire dans le monde. Cette démarche doit absolument être remise en question. On peut aller plus loin en imaginant un changement culturel : des évènements sportifs où seuls les athlètes se déplacent, ou de plus petits évènements.

 

Vous parliez du lien de causalité entre le sport et l’environnement. Nous avons vu l’impact du sport sur l’environnement, mais pourriez-vous nous en dire plus sur l’impact de l’environnement sur le sport ?

 

Nous traversons et allons au-devant de nombreux enjeux écologiques. La préservation de l’environnement et de la biodiversité sont au premier plan de nos challenges futurs. Et ces bouleversements ont évidemment un impact sur le monde sportif. On pense aux sports d’hiver, affectés par le manque d’enneigement mais c’est aussi le cas pour les sports nautiques avec la montée des hauts et le risque de submersion de nombreux clubs. De plus, l’amplification des pics de pollution et des phénomènes météorologies extrêmes font se poser aux assureurs la question de poursuivre leur travail auprès des évènements car ceux-ci deviendraient trop couteux. Enfin, sont affectées aussi les salles de sport. On ignore souvent cela mais tous les bâtiments sportifs construits avant les années 90 ne sont pas adaptés pour encaisser de fortes variations de température. Ils sont souvent mal isolés et consomment énormément. Ces salles deviendront donc inadaptées pour la pratique de certains sports.

 

Comment peut-on agir, particuliers et professionnels, pour réduire cet impact ?

 

Les professionnels ont déjà des clés en main. Ils peuvent par exemple intégrer dans leur organisation d’évènements une charte avec des engagements écoresponsables qui prennent en compte l’alimentation distribuée, le nombre de places, les achats, le recyclage des déchets, etc. Côté particulier, nous pouvons tous agir : en pratiquant local, c’est-à-dire en évitant de faire de la route pour aller pratiquer son sport ; pendant les évènements, éviter d’utiliser des produits jetables et penser à recycler, à faire du covoiturage pour s’y rendre etc. Dans notre quotidien, il est plus facile d’être responsable que ce que l’on croit, toutes les actions comptent.