#Ÿnspire – Charlotte Trossat, Fondatrice de Local en Bocal

07/01/2022

L’impact guide le quotidien de tous les Ÿnsecters : comment nourrir la planète tout en préservant les ressources et la biodiversité ? Au fur et à mesure que nos initiatives s’élargissent, nous avons décidé de donner la parole à ceux qui contribuent à changer le monde, à proposer des alternatives et à renforcer la durabilité. Aujourd’hui, nous rencontrons Charlotte Trossat, fondatrice de Local en Bocal, une conserverie artisanale de fruits et légumes locaux, disponible dans les magasins bio spécialisés et les écoles. Nous avons échangé avec elle sur sa mission, ses ambitions pour l’avenir, ses enjeux, les enjeux de l’agriculture locale et l’avenir de l’alimentation.

Pouvez-vous décrire votre entreprise en quelques mots ?

Local en Bocal est une conserverie artisanale ! Nous achetons aux producteurs locaux des fruits et légumes qui ne peuvent être vendus en grande surface, comme ceux qui sont : abîmés, ou « sales ». Nous les cuisons ensuite pour en faire des soupes, des compotes, etc., dont la moitié est vendue par notre marque A côté, et le reste par d’autres marques telles que Les trois chouette, La vie Claire etc. Même si nous avons des parties automatisées du processus, nous faisons encore beaucoup à la main : nous trions et préparons les légumes, et goûtons systématiquement nos produits pour nous assurer qu’ils ont bon goût ! Ce côté artisanal est essentiel pour nous.

 

Vous avez travaillé pendant 10 ans comme ingénieur. Pourquoi avez-vous soudainement lancé votre propre entreprise pour produire des soupes, des compotes, etc. ?

Local en bocal est né de mon envie de donner plus de sens à mon travail. Je voulais créer quelque chose de réel, ce que j’ai toujours aimé faire, mais je l’avais perdu de vue dans mon ancien travail. Je voulais aussi être en contact avec la nature et la campagne. Mais avant tout, je voulais faire du bien à l’environnement et à la société. Ma devise est d’avoir un impact positif sur la société, et cette entreprise était un moyen d’y parvenir. Le projet a été inspiré par mon beau-frère, maraîcher, qui voulait faire quelque chose avec ses légumes. J’ai commencé à étudier le marché afin de trouver des solutions. Au final, il a choisi de ne pas poursuivre l’aventure, mais moi oui. En octobre 2015, Local en Bocal a ouvert ses portes !

 

 

Comment choisissez-vous les producteurs avec lesquels vous travaillez ? Et les détaillants ?

Tout d’abord, ils doivent être biologiques. Ensuite, on tient compte de la distance : les producteurs doivent être au plus près : on ne va pas plus loin que 150km à vol d’oiseau. Je veux aussi qu’ils partagent notre philosophie : nous avons établi un ensemble de lignes directrices et essayons de les respecter autant que possible. Pour la revente, nous faisons partie d’un réseau bio spécialisé qui nous interdit de traiter avec la grande distribution. Par conséquent, nous privilégions les petits magasins bio.

 

Vous avez travaillé avec des cantines scolaires à Avignon. Pourquoi cette étape avec les enfants était-elle importante ?

J’ai toujours eu envie de travailler avec les cantines scolaires, et surtout avec les enfants car ils sont très réceptifs. Les enfants sont des vecteurs de changement. Les cafétérias d’Avignon décident de prendre en main leurs menus et veulent faire de la soupe, mais ne disposent pas du matériel nécessaire. J’ai lu un article à ce sujet et je suis allé directement vers eux pour leur proposer de collaborer, et nous avons construit l’offre ensemble ! Grâce à cette association, les enfants scolarisés mangent des produits de qualité auxquels ils n’auraient pas forcément accès à la maison.

 

Comment convaincre les consommateurs de manger local ?

Pour moi, manger local, c’est connaître le producteur et le produit. Cela nous permet de mieux comprendre ce que nous mangeons et d’où. Les gens posent souvent beaucoup de questions aux producteurs, leur intérêt est donc un bon signe de progression. De notre côté, nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux, afin de sensibiliser les consommateurs. Nous participons ponctuellement aux marchés et foires pour rencontrer les gens et leur faire goûter nos produits. Nous aimons aussi ouvrir l’usine aux enfants et adolescents. Nous embauchons beaucoup de stagiaires, accueillons des demandeurs d’emploi et favorisons les reconversions professionnelles. Bref, on essaie de rencontrer le plus de gens du coin pour leur montrer et leur expliquer ce qu’il y a dans leur assiette.

 

Quelles sont les valeurs qui guident vos actions au quotidien ? Quels sont ceux que vous aimeriez transmettre ?

Évidemment, tout ce qui concerne la lutte contre le gaspillage, les relations fortes entre acteurs de la filière, la création d’emplois, etc. Mais je souhaite également transmettre d’autres valeurs fortes que nous avons collectivement établies au sein de l’entreprise : l’entraide et le respect, la recherche permanente d’amélioration, l’assiduité, la passion et la convivialité. Tous ces éléments doivent rester constants dans le temps. Au quotidien, pour faire vivre ces valeurs, nous avons quelques initiatives : nous déjeunons ensemble une fois par mois, organisons toujours une journée d’équipe à la fois pédagogique et ludique, organisons une fête de Noël… bref, nous faisons une de quoi continuer à avancer ensemble !

 

Chez Ynsect, nous avons 5 valeurs (explorateur, authenticité, adaptabilité, équilibre et solidarité), laquelle vous parle le plus ?

Difficile de choisir… mais je dirais solidarité ! Au quotidien, chacun est accaparé par ses missions principales, et n’est pas toujours conscient des enjeux auxquels sont confrontés les autres collaborateurs. Mais s’il y a un problème, je veux que tout le monde puisse demander de l’aide, et la recevoir ! C’est quelque chose que j’attends vraiment de mon équipe ! De plus, aller vers les personnes sans emploi fait partie de notre ADN puisque nous sommes une Entreprise d’Insertion.

 

En seulement 5 ans, vous avez noué de nombreux partenariats et créé 10 emplois dans la région d’Avignon. Comment envisagez-vous l’avenir ? Envisagez-vous une stratégie nationale/internationale ?

Nous avons encore beaucoup de travail à faire dans la région avant de penser à déménager ailleurs. Tout d’abord, nous devons construire une usine adaptée à nos besoins de production. Nous nous adaptons à notre croissance, sans être agressifs commercialement parlant. Nous pensons évidemment à l’avenir mais l’expansion géographique n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Quand nous serons prêts, nous irons dans une région rurale pour reproduire notre modèle !