#Ÿnspire – Clara Duchalet, fondatrice de Vépluche

15/10/2021

Aujourd’hui, nous rencontrons Clara Duchalet, fondatrice de Vepluche, une entreprise remédiant à l’excès de déchets organiques présents dans nos poubelles en les recyclant en compost ou en terreau. Nous avons pu échanger sur leur activité, leurs ambitions et les défis auxquels ils sont confrontés, ainsi que des conseils pour inciter chacun à passer à l’action dans son quotidien.

L’impact guide le quotidien de tous les Ÿnsecters : comment nourrir la planète tout en préservant les ressources et la biodiversité ? Au fur et à mesure que nos initiatives s’élargissent, nous avons décidé de donner la parole à ceux qui contribuent à changer le monde, à proposer des alternatives et à croître durablement. Aujourd’hui, nous rencontrons Clara Duchalet, fondatrice de Vepluche, une entreprise remédiant à l’excès de déchets organiques présents dans nos poubelles en les recyclant en compost ou en terreau. Nous avons pu échanger sur leur activité, leurs ambitions et les défis auxquels ils sont confrontés, ainsi que des conseils pour inciter chacun à passer à l’action dans son quotidien.

Pouvez-vous présenter votre entreprise en quelques mots ?

Je présente souvent Vepluche comme une économie circulaire appliquée aux déchets organiques. Aujourd’hui, entre 30 % et 50 % des déchets sont des déchets organiques, et nous avons pour mission d’en économiser le plus possible ! En effet, le simple fait de jeter des déchets organiques a des conséquences sur l’ensemble du système et sur notre environnement : à travers les camions qui se déplacent pour les collecter, les émissions de gaz, etc. Mais heureusement, il existe un moyen très simple d’y remédier en lui donnant une seconde vie. Nous pouvons extraire les déchets organiques et les transformer en compost ou en terreau ! Chez Vepluche, nous ne traitons pas seulement les restes de cuisine, mais aussi les branches d’arbres et les déchets des fleuristes.

Vepluche était à l’origine un projet autonome. Qu’est-ce qui vous a poussé à en faire une aventure entrepreneuriale ?

Je viens d’une famille de médecins, donc l’entrepreneuriat n’était pas vraiment dans mon ADN. Il n’y a pas eu de déclencheur précis, plutôt une série de rencontres et d’émotions qui m’ont fait le lancer. Je l’ai commencé à l’école, dans un cursus d’entrepreneuriat social qui m’a tout de suite passionné. Je n’avais jamais investi autant dans un cours que dans celui-là. Afin de faire décoller le projet, j’ai rencontré des dizaines de personnes passionnées et motivées par la mission de Vepluche; mais ce n’est que lorsque j’ai présenté l’idée finale à un jury d’école que j’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire. Vepluche était aussi pour moi un moyen d’allier les secteurs privé et public : une entreprise qui a pour but d’aider le bien public !

D’où vient votre conviction d’agir ?

C’était un processus très personnel ! Alors que certains sujets ne nous touchent pas vraiment, d’autres nous frappent fort. Pour moi, c’était le jour où je suis arrivé à Paris et que j’ai jeté mes restes de cuisine à la poubelle pour la première fois, j’avais envie de faire quelque chose. Ensuite, j’ai rencontré des gens qui m’ont fait passer à l’action. Cela m’a frappé fort et a suscité une véritable passion en moi. Sans cette motivation, je n’aurais pas réussi.

Vous faisiez partie de la première cohorte de « Women4Climate », pouvez-vous nous en dire plus sur cette initiative ?

Women4Climate a été une étape décisive pour moi car c’est la première organisation qui a cru en Vepluche. Je l’ai découvert par hasard en faisant des recherches sur internet. Je me suis reconnu dans ce qu’ils cherchaient et j’ai foncé. Dans ma cohorte, il y avait une dizaine de femmes avec des projets très différents et à des étapes très différentes. Le but était d’accompagner les femmes qui souhaitent réaliser des projets environnementaux, et elles se sont vraiment occupées de toute la communication : nous nous sommes rendues sur des salons pour présenter nos projets, avons participé à des tables rondes, etc. Ils nous ont vraiment donné confiance en nous et en nos projets.

Comment les restaurants et les agriculteurs peuvent-ils devenir vos partenaires ? Comment avez-vous réussi à les convaincre de vous rejoindre ?

Notre stratégie consiste à frapper aux portes. Nous prenons nos vélos et visitons les restaurants de la région. C’est une technique que les gens apprécient beaucoup car elle donne un visage au projet. Ce faisant, nous nous sommes rendu compte qu’une grande majorité des restaurateurs rencontrés étaient soucieux de la valorisation des déchets organiques. J’ai rencontré des gens qui ne supportaient pas de devoir jeter leurs déchets à la poubelle tous les jours. La partie la plus compliquée du processus est le prix des légumes, puisque tout est basé sur l’offre : il faut pouvoir satisfaire tout le monde. Pour les agriculteurs, les choses ont été plus complexes car l’aspect logistique ne fait pas partie de leur métier et beaucoup abandonnent le projet à cause de cela.

Vepluche a déjà créé 10 emplois ! Quelles sont les valeurs importantes pour rejoindre l’entreprise ?

La première chose que je recherche, c’est une passion pour notre planète : tu peux être le meilleur vendeur, mais si tu ne crois pas en notre mission, ça ne marchera pas. Ici, nous sommes tous passionnés et extrêmement motivés par ce que nous faisons. Ensuite, nous voyons si le candidat partage nos trois valeurs : l’engagement, qui correspond à notre conviction écologique ; la bienveillance envers les autres, car nous voulons que chacun puisse faire des erreurs et en tirer des leçons sans crainte de jugement ; et la créativité, car nos idées évoluent au fur et à mesure et chacun peut participer à leur développement. Ces valeurs émergent surtout de notre travail quotidien : nous n’avons pas encore eu l’occasion de les définir officiellement. Mais en interne, nous avons organisé quelques événements pour définir notre ADN et mettre l’accent sur l’identité de Vepluche.

De quelles valeurs d’Ÿnsect (explorateur, adaptabilité, solidarité, équilibre et authenticité) vous sentez-vous le plus proche ?

Je dirais adaptabilité. Notre activité a été très impactée par le COVID-19 et les différentes mesures qui ont été prises. Lorsque les restaurants ont fermé, nous avons dû trouver des solutions pour pouvoir continuer à travailler, et aujourd’hui encore, nous sommes conscients que la vaccination et les variantes du virus sont autant de facteurs qui peuvent encore nous affecter. Parallèlement à la crise sanitaire, nous sommes également conscients de la crise alimentaire à venir. Cependant, nous ne sommes pas trop inquiets à ce sujet; Je ne crois pas que tous les restaurants vont s’effondrer. Il y aura toujours des endroits pour se restaurer et partager des moments de convivialité. Nous essayons de rester optimistes et positifs, quoi qu’il arrive !

Quels sont les 3 conseils que vous donneriez au public pour passer à l’action ?

Je pense que la première chose à faire est de poser des questions. Lorsque vous allez au restaurant, n’hésitez pas à poser des questions sur le recyclage des déchets de cuisine, ne serait-ce que pour que le personnel se pose des questions et fasse quelque chose. Mon deuxième conseil serait de vous mettre au défi. Nous ne remettons jamais en question nos connaissances : une couche de poussière s’est déposée sur notre quotidien. Il faut le dépoussiérer de temps en temps parce que c’est là qu’on change les choses. Je crois fermement au pouvoir de l’impact individuel : la consommation, c’est l’action ! Mon dernier point serait de comprendre que tout le monde peut soutenir des initiatives environnementales : cela peut aller d’un message sur les réseaux sociaux à un investissement personnel. Nous avons par exemple décidé de lancer une levée de fonds participative auprès d’investisseurs particuliers pour nous permettre de grandir plus vite.

Aujourd’hui, vous vous concentrez sur les efforts nationaux. Une expansion internationale est-elle en vue ?

Nous y pensons ! Mais ce n’est pas notre priorité. Nous venons d’implanter notre activité à Lyon car c’est la deuxième ville en nombre de restaurants et de fleuristes après Paris. Pour que Vepluche fonctionne, ces deux emplacements doivent être suffisamment ciblés ! Notre objectif est de nous développer d’abord dans toutes les grandes villes de France avant de nous lancer à l’international. A court terme, notre objectif est d’être plus présent à Paris. Pour ce faire, nous allons progressivement créer des hubs un peu partout pour nous développer progressivement. Mais l’expansion internationale garde une place dans notre esprit car nous sommes conscients de la situation dans son ensemble : les matières organiques se retrouvent partout dans les poubelles !

 

Si vous souhaitez soutenir Vepluche dans sa collecte de fonds, cliquez sur le lien :

https://www.wiseed.com/fr/projet/42232024-vepluche